
John Bowlby est un psychiatre et psychanalyste qui a développé la théorie de l’attachement. Dans ce premier volume, il expose les fondements de sa théorie, basée sur des observations d’enfants, sur les résultats d’études de ses confrères et sur l’éthologie (l’étude scientifique du comportement animal). En élaborant cette théorie, il s’éloigne de la psychanalyse de l’époque et de certains concepts freudiens qui lui semblent erronés, pour étudier le fondement des besoins de l’être humain.
John Bowlby adopte une démarche scientifique de présentation de ses concepts et de l’importance de l’attachement pour chacun de nous. Le besoin d’attachement est présenté comme un besoin fondamental, au même titre que les besoins physiologiques de nourriture et de chaleur. Pour appuyer son propos, il cite des études réalisés sur des mammifères proches de l’homme, démontrant qu’un bébé est à la recherche d’un contact confortable et rassurant, bien plus souvent que de nourriture. Ainsi, le bébé humain est dès les premiers jours en quête d’une sécurité affective, qui petit à petit se portera sur une figure d’attachement principale et des figures d’attachement secondaires.
Ce comportement est présenté comme étant basé sur un instinct de survie d’un enfant qui se sent vulnérable et dépendant dans son environnement. Le bébé recherche la création d’un lien d’attachement puissant à l’aide de différentes compétences qu’il va acquérir pendant les premières années : le sourire, le cri, le babil, le déplacement, l’appel… De leur côté, les parents mettent également en place des sollicitations et des réponses qui vont conditionner l’apprentissage de la construction d’une relation d’attachement. Chaque couple mère/enfant, père/enfant connaitra son propre fonctionnement qui sera amené à devenir habituel aux alentours de la troisième année.
Un certain schéma de la relation se construit dans les premières années de la vie en fonction des interactions avec les figures d’attachement et ancre des automatismes qui seront la base des relations d’attachement en tant qu’adulte. D’après les observations de différentes études, John Bowlby précise que les schémas d’attachement peuvent évoluer, mais que, plus ils ont été vécus longtemps, plus cela prendra du temps de les modifier. Ainsi, les enfants qui ont vécu leurs premières années dans l’isolement et la négligence affective apprennent à rester seuls et n’expriment plus leurs besoins, puisqu’ils ont l’habitude de ne pas être entendus ou compris.
A la lumière de la théorie de l’attachement et de l’importance de ce lien soutenant, on comprend aisément l’étendue des problématiques relationnelles dans les sociétés qui ne tiennent pas compte de ce besoin primaire de l’enfant. Car, pour remplir ce rôle essentiel, les parents ont besoin d’être disponibles et de comprendre que les sollicitations des enfants proviennent d’une nécessité vitale de sécurité. C’est en ayant la possibilité de s’appuyer sur une base stable et fiable que l’enfant pourra explorer et acquérir son autonomie en tant qu’adulte.
Ce premier volume de la trilogie Attachement et perte est une présentation de l’histoire de la pensée ayant mené à l’élaboration de la théorie de l’attachement. Les volumes suivants traitent de la séparation – angoisse et colère, et de la perte – tristesse et dépression.