1 octobre 2023

Réveiller le tigre

Le traumatisme est un enjeu majeur de la santé mentale. Peter Levine propose une lecture du traumatisme en s’intéressant aux réactions les plus archaïques qu’il peut susciter. En cas de danger, l’homme, tout comme l’animal, peut combattre, fuir ou se figer, mais contrairement aux proies animales, l’homme possède également un cerveau émotionnel et cognitif, une mémoire possiblement traumatique qui peuvent être impactés durablement par un évènement traumatique. Ce livre propose une lecture intéressante des mécanismes permettant de surmonter le traumatisme. 

Le terme « traumatisme » est utilisé dans l’ouvrage comme « l’ensemble des troubles résultant de l’action d’un agent extérieur et non comme l’évènement lui-même. » Plus précisément, le traumatisme est la conséquence de la réaction du système nerveux de la personne à un évènement qui a dépassé sa capacité à y faire face par une réponse sensori-motrice adaptée. Car, le figement, qui est souvent à l’oeuvre  et plus particulièrement chez les enfants qui n’ont aucun moyen d’échapper à des violences, est à l’origine de symptômes somatiques, comportementaux, relationnels, émotionnels et cognitifs décrits dans les troubles anxieux post-traumatiques.

Le traitement du traumatisme est un sujet délicat, car il existe un risque important que la reviviscence des évènements soit plus traumatisante que curative. Pour autant, lorsqu’un traumatisme guérit, une transformation s’opère qui améliore la qualité de vie. L’approche de Peter Levine ne consiste donc pas à raconter les scènes, à ressortir les souvenirs, à tenter de retracer le déroulement des évènements, mais se concentre sur la possibilité de sortir du figement. « Le traumatisme est si puissant que les personnes traumatisées restent braquées sur lui de façon compulsive et, ce faisant, les circonstances qui les ont vaincues une première fois les vaincront encore et encore. Si nous dirigeons notre attention sur ces sensations corporelles internes plutôt que d’attaquer directement le traumatisme, nous pouvons dénouer et libérer les énergies qui ont été bloquées depuis l’évènement traumatique. »

L’auteur présente les impacts psychiques du traumatisme qui se caractérise par de l’impuissance chronique, une hypervigilance, une inaptitude à apprendre de nouveaux comportements associés à une tentative d’interpréter des états internes discontinus ou inexplicables. « Sortir de l’amnésie ou du déni demande beaucoup de courage et la quantité d’énergie libérée alors peut être considérable. Elle ne doit pas être sous-estimée. »

L’homme est une espèce extrêmement vulnérable au traumatisme et pourtant, elle en génère et en subit constamment. Car, malheureusement, le traumatisme crée un besoin irrépressible de « remise en acte » quand nous restons inconscient de son impact. Nombre d’adultes reproduisent les violences (physiques, verbales, sexuelles…) qu’ils ont eux-même subit dans leur enfance, propageant le traumatisme sur plusieurs générations, sans compter les guerres, le terrorisme ou d’autres horreurs. Pour l’auteur, chacun doit s’efforcer de guérir ses traumatismes si l’on souhaite pouvoir vivre en paix, et tout d’abord, il est important de protéger les enfants. « Permettre aux enfants d’explorer avec curiosité leur environnement et d’établir des liens chaleureux semble constituer des antidotes aux effets de la violence et de la désorganisation. »

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