
Un livre bien écrit, clair et par moment déstabilisant pour qui se reconnaîtra dans les blessures d’attachement décrites par l’auteure. La théorie de l’attachement de John Bowlby est ici analysée à travers les quatre styles d’attachement. Le premier, que l’on souhaiterait à tout le monde mais qui ne concerne que 50 à 60% de la population est l’attachement sécure, les trois autres sont catégorisés comme insécure. Il s’agit des attachements anxieux, évitant et désorganisé. Outre, le questionnaire permettant de se situer sur son style d’attachement, l’auteure propose de nombreuses pistes d’évolution afin de guider chacun vers un attachement sécure qui, s’il n’a pas été construit dans l’enfance, peut être acquis.
Gwénaëlle Persiaux a un style d’écriture fluide et bienveillant. Elle entraîne le lecteur dans le coeur des problématiques d’attachement qui se construisent dans l’enfance et se maintiennent à l’âge adulte, entraînant souvent les personnes avec un attachement insecure vers des relations qui ne leur conviennent pas. Dès le début, l’auteure annonce que rien n’est figé, que réaliser quel est son mode d’attachement actuel n’est pas un couperet mais plutôt un premier pas vers une amélioration. Lorsqu’on se reconnaît dans l’un ou l’autre des propos de l’auteure ou des comportements adoptés dans le cadre de relation familiales, amicales ou amoureuses, cela peut secouer. Pour autant, ce livre est aidant, aussi bien pour comprendre les autres que pour se comprendre soi-même et les émotions qu’il peut susciter ne sont que des révélateurs d’une piste d’évolution, d’une marge de progression.
Pour chaque type d’attachement insécure, l’auteure explique la construction du profil depuis l’enfance puis l’illustre avant de présenter les fonctionnements des combinaisons de couples que l’on peut retrouver. Bien entendu, être en couple avec une personne sécure est une opportunité de progresser et de se défaire de ses problématiques d’attachement, mais tout le monde n’a pas cette chance. Et la meilleure évolution que l’on peut trouver est celle que l’on s’offre soi-même en faisant le pas vers un mieux-être, en acceptant de s’investir dans une psychothérapie, en testant des conseils.
Ainsi, l’attachement anxieux, dans lequel les personnes ont peur de l’abandon, de se retrouver seules peut tirer partie d’une recherche de ses propres ressources, de ses points forts, de ses objectifs personnels. L’attachement évitant d’une personne prônant l’indépendance et la débrouillardise peut améliorer la proximité avec elle-même et avec les autres en se reconnectant à son corps, en prenant le temps de ressentir, de laisser les émotions remonter à la surface. Quand à l’attachement désorganisé, qui mélange les deux précédents, il est souvent induit par des traumatismes qui nécessitent une prise en charge adaptée afin de les intégrer, non plus comme des émotions débordantes, mais comme des souvenirs, des passages difficiles que la personne a réussi à surmonter, malgré tout.
Enfin, les piliers qui sont valables pour tous, consistent à restaurer un narcissisme sain, amenant à une bonne estime de soi, sans tomber dans la supériorité ou l’égoïsme. Car, ce qui guérit, ce qui nourrit, ce qui satisfait, ce sont les relations que l’on entretient avec les autres. Il n’y a pas de meilleure manière d’interagir qu’en ayant un attachement sécure et s’il ne découle pas de l’enfance, on peut à tout moment entamer sa construction.