7 décembre 2023

Revivre après une épreuve

Ce livre est un recueil de textes de différents auteurs (psychologues, professeurs, journalistes… ) qui traite du vécu face à l’épreuve. Un sujet difficile, abordé avec un recul intéressant qui peut éclairer sur le ressenti des victimes, malades, personnes en souffrance, sur leurs besoins et sur les leviers pouvant leur permettre de retrouver la joie de vivre.

 

L’épreuve peut prendre différentes formes : maladie, accident, traumatisme, deuil, rupture… Elle éprouve nos ressources et notre résistance et imprime sa marque sur les parcours de vie. Sans laisser de côté les impacts négatifs de ces difficultés, le livre est centré sur la reconstruction, sur les possibilités de résilience qui peuvent être activées ou non, selon la personne et son environnement. Chaque personne traversant une épreuve douloureuse ou accompagnant quelqu’un de son entourage peut trouver là des explications, une idée, une lueur d’espoir…

Selon Henri Laborit, « confronté à une épreuve, l’homme ne dispose que de trois choix: combattre, fuir ou ne rien faire ». Cela amène trois types de fonctionnement : se centrer sur le problème en étant actif à la recherche de solution, se centrer sur les émotions en prenant soin de soi ou éviter, subir en trouvant un refuge ailleurs ( drogues, sport…). Le comportement le plus délétère est le troisième qui tient plus de l’autodestruction que de la conservation car la passivité est coûteuse psychologiquement (stress, perte de sommeil, idées obsessionnelles, dépression, troubles somatiques…). La fuite pourrait paraître un échec mais elle peut également être l’unique solution et un moyen pour se reconstruire ailleurs, autrement.  

Selon le courant de la croissance post-traumatique, toute épreuve qu’elle soit individuelle ou collective nous permet de découvrir nos « ressorts invisibles » et ainsi accéder à des ressources pour s’inventer une vie plus belle, plus libre, plus authentique. Pour autant, les épreuves ne sont pas souhaitables. Comme le dit Boris Cyrulnik, un malheur n’est jamais merveilleux : « Vu de l’extérieur, la fréquence de la résilience prouve qu’on peut s’en sortir. Vu de l’intérieur, on est structuré comme un oxymoron que révèle la division intérieure de l’homme blessé, la cohabitation du ciel et de l’enfer, le bonheur sur le fil du rasoir ». Ce qui facilite la résilience est la bonne proximité humaine. Chez les adultes, le soutien social le plus efficace se produit lorsqu’il peut donner lieu à la réciprocité. Pour Jean-François Meunier, la résilience est un changement psychologique positif faisant suite à des évènements extrêmes. Le positif se trouve dans la prise de conscience que la personne peut avoir de sa force, de sa détermination, de qui elle est, de ce qui peut la rendre heureuse et des nouveaux buts qu’elle se fixe. Parmi les facteurs essentiels pour surmonter un traumatisme figure l’attribution d’un sens. Il ne s’agit pas de « trouver un sens » en décryptant les évènements, mais plutôt de « donner un sens » en acceptant le changement irréversible qui est intégré, en même temps qu’un remodelage de sa vision des choses pour préparer la suite de manière réaliste. Un autre facteur consiste à verbaliser car toutes les façons de mettre en mots l’horreur peuvent aider à s’en dégager. Le mode de défense habituel de l’entourage d’une victime est de rassurer ou minimiser, cependant le bon consolateur commencera par reconnaître à l’autre un droit aux larmes ainsi que la réalité de sa souffrance. Reconnaître ce qu’une victime traverse est paradoxalement ce qui soulage.

Les traumatismes, notamment le vécu d’une guerre, impactent les générations futures car pour survivre et grandir, les enfants ont besoin de l’aide de leurs parents ou de leurs substituts. Or, des parents traumatisés et un groupe déstructuré sont trop souvent préoccupés par leurs propres douleurs, leurs pertes ou leurs frayeurs pour se préoccuper de manière adaptée de leurs enfants.


Voici cinq critères de croissance post-traumatique:

  • une meilleure appréciation de la vie en générale
  • des relations plus authentiques et chaleureuses
  • un sentiment d’être plus fort et résistant
  • la découverte de nouveaux possibles
  • un enrichissement de la foi religieuse ou de sa philosophie de vie
Ainsi que dix façons de se reconstruire : suivre une thérapie (parole, TCC, EMDR), les cellules psychologiques, l’équithérapie, écrire pour recréer son malheur afin d’en prendre le contrôle, marcher, rire, le temps, les groupes de parole, faire justice tout en renonçant à tout réparer, la création artistique.

Le livre conclut avec l’équation du bonheur de Christophe André :
bonheur = bien-être + conscience, qui consiste à se réjouir d’un instant agréable lorsqu’on le vit…

 

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