7 décembre 2023

Pour une écologie intérieure

Nous sommes entrés dans la période de l’anthropocène c’est-à-dire que l’humanité est devenue la principale force géologique sur Terre. Une telle situation nous contraint à penser et opérer un changement radical au niveau collectif. Pour entreprendre un tel changement, il revient à chacun individuellement d’effectuer une transition à l’intérieur de lui, de revoir sa manière d’être et de prendre en considération la planète qui l’accueille.

Ce livre présente un état des lieux de l’aberration dans laquelle nous nous retrouvons en asservissant la planète au profit de l’homme sans se soucier de la pérennité de ce mode de vie. L’approche des auteurs est intéressante puisqu’elle établit un parallèle entre la manière dont l’homme se comporte avec la planète et ses comportements envers lui-même. Pour les auteurs, la pollution extérieure traduit notre pollution intérieure. L’optique envisagée par cet écopsychologie est donc de commencer par se pencher sur sa propre intériorité, à découvrir le pire et le meilleur qui se trouve en soi et à s’apporter un respect et un soin personnel qui ne pourra que s’étendre à l’environnement.

Si nous avons des difficultés avec notre environnement, c’est parce que nous avons du mal avec ce qui échappe à notre contrôle, autrement dit avec le sauvage que ce soit à l’extérieur ou à l’intérieur de nous. La responsabilité de l’être humain dans le déséquilibre de l’écosystème réside dans le fait qu’il agit sans analyser les conséquences systémiques de ses gestes. En perdant le lien avec la nature, avec les autres, avec l’impact de ses actes et de ses paroles, l’homme perd dans le même temps le sens de sa vie. Nous nous laissons dévier du cours de la vraie vie en cherchant à correspondre à un monde, en nous adaptant à ses exigences et en oubliant nos véritables aspirations. La société actuelle encourage la consommation, il est important d’avoir, de montrer son pouvoir, de paraitre et l’homme arrive à nier ses blessures ou frustrations en les comblant par un excès de consommation. Selon les auteurs, l’hyperconsommation procure une impression de réparation, voire de revanche sur toutes les misères subies réelles ou imaginaires, passées ou présentes. En chacun de nous, il y a un enfant omnipotent qui veut disposer de tout selon son envie. Cependant, la réalité est que nous vivons, nombreux et cependant temporairement, sur une planète aux ressources limitées, unique dans l’univers. Il est évident et largement établit que la course à la consommation en place dans les pays développés mène l’humanité à sa perte, provoquant conflits, violence, catastrophes naturelles et insécurité. Alors, le changement est une question de survie.

Une fraction de la population que les auteurs présentent comme les créatifs culturels affiche de nouvelles valeurs allant à l’encontre de l’individualisme consumériste et adopte une vision plus humaine conduisant à des gestes novateurs. Ces personnes s’engagent dans des nouvelles façons de vivre qui soient davantage respectueuses et tolérantes à la fois d’eux-mêmes, des autres et de la planète. Leurs préoccupations suivent six directions : œuvrer pour un monde plus écologique, donner d’avantage d’importance aux valeurs féminines, mettre en avant l’être à la place de l’avoir et du paraître, favoriser le développement personnel et spirituel, s’impliquer pour un changement sociétal et s’ouvrir aux autres cultures.

L’écopsychologie participe de ce courant. Cette discipline tente de comprendre de manière globale les problématiques de l’être humain avec son milieu avec l’idée que le bien-être psychique et la santé de l’habitat vont ensemble, ce qui signifie que la détérioration de la planète nous affecte et que notre mauvaise santé mentale a un impact sur la Terre.

Les auteurs expliquent que nous sommes dans une phase de transition, avec toute l’inquiétude et l’incertitude que cela comporte puisque nous ne savons pas vers quoi nous nous dirigeons et que le chemin de la croissance passe immanquablement par l’épreuve de la perte. Toutefois, un bien-être nous attend autrement. Il passe par la reconnaissance de ce qui est, par le simple fait de participer et de goûter à la vie, par la capacité à nous rendre disponible à l’instant présent, quel que soit celui-ci.

Ce livre comporte des axes de réflexions très intéressants et suffisamment nombreux pour s’approprier des idées et mener son propre cheminement dans notre société en mutation.

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