
D’explications en conseils, Gilles Azzopardi déblaye le chemin à travers
ce qui nous entrave : des croyances héritées aux biais cognitifs en
passant par les schémas que l’on s’applique sans qu’ils nous
correspondent. Le constat est intéressant mais ce qui l’est encore plus,
ce sont les pistes de solutions, les conseils pratiques et la
perspective simple et belle de s’autoriser à être soi.
Le livre commence avec quelques faits sur le fonctionnement de l’homme, facilement influençable, majoritairement soumis à l’autorité et conditionné par son enfance. Car, malgré la bonne volonté des parents, certains schémas imposés aux enfants étouffent et leurs conséquences perdurent longtemps. « Sois fort! », « dépêche-toi! », « sois parfait! », « fais plaisir! », « fais un effort! », ces ordres qui démontrent à l’enfant qu’il n’est jamais assez bien pour être accepté par son parent restent ancrées en lui, enjoignant des comportements qui l’éloignent de plus en plus de ses émotions et de sa personnalité.
Alors pour devenir lui-même, l’adulte a des changements à opérer afin de faire grandir sa confiance en lui et surtout d’atteindre l’acceptation inconditionnelle de soi. Parmi les pistes expliquées pour avancer dans cette voie:
- se recentrer sur soi en prenant ses responsabilités, en arrêtant de penser à la place des autres, en s’exprimant clairement et en cessant de se comparer
- apprendre à parler vrai : oser montrer sa vulnérabilité ce n’est pas de la faiblesse mais c’est simplement se rendre accessible, être humain
- écouter l’autre, cela demande un effort à commencer par celui de savoir se taire, mais c’est ce qui amène des relations plus vraies et paisibles
De nombreuses personnes souffrant de carences affectives précoces présentent une dépendance affective avec une recherche d’une protection infaillible comme celle que l’on peut attendre dans l’enfance. Ce problème, également lié au fonctionnement de la société qui promet sécurité à condition d’être docile, porte vers la soumission à l’autre. On peut ainsi accepter l’inacceptable par peur d’une rupture ou de la solitude. La théorie de l’attachement explique que les schémas d’attachement de notre enfance se répètent à l’âge adulte avec des profils d’attachement sécure, évitant ou anxieux. Heureusement, cela n’est pas irrémédiable et peut évoluer au gré de relations épanouissantes ou d’un travail sur soi.
Au cœur de la construction de sa personnalité vient le fait de ne pas renoncer à soi pour être conforme à l’image que les autres ont de nous. Penser à soi, c’est le premier pas à faire pour pouvoir vraiment penser aux autres, bien que cette attitude puisse être critiquée ou être qualifiée d’égoïste, car ce qui fait l’altruisme et la générosité c’est l’amour de soi. Le plus beau cadeau que l’on puisse faire à ceux qu’on aime, c’est d’abord d’être heureux et de leur montrer. Les femmes ont encore plus de pas à faire dans ce sens parce qu’elles ont été conditionnées pour passer après les autres, pour s’occuper des besoins de leurs enfants, de leur conjoint, de leurs proches avant de penser à elles.
Ce livre est une lueur d’espoir car si chacun oriente ses choix vers la réalisation de ses objectifs, l’acceptation de ses différences et l’authenticité de ses propos, nul doute que les relations pourraient s’affranchir de contrôle, de critique, de jugement et d’agressivité.